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Aujourd’hui, dernier jour des vacances de Toussaint, j’ai décidé de prolonger encore un peu l’ambiance d’Halloween dans laquelle nous avons baigné ces deux dernières semaines, pour venir te présenter un carnet de lecture un peu spécial, entièrement consacré aux Sorcières. L’an dernier, à peu près à la même époque, j’ai commencé à écouter mes premiers podcasts audio. Et largement influencée par les publications féministes de mon feed Instagram, j’ai découvert Lauren Bastide et son émission « La Poudre. » Dans le même temps, toujours sous l’influence de mon réseau social préféré, j’ai commencé à m’intéresser de plus près à la sorcellerie moderne.
C’est là que tu commences à te dire que j’ai pété un plomb. T’inquiète pas. Ça va bien se passer 😉
Sorcellerie et féminisme
Mais quel est le rapport entre le féminisme et la sorcellerie tu me diras ? Tout en fait ! Au fond, la sorcière est la représentation ultime du féminisme. Une femme libre et indépendante, maîtresse de sa vie et de son corps, possédant la connaissance et n’hésitant pas à s’en servir. Une femme qui dérange et qui fait même peur, dans une société plongée dans l’obscurantisme où l’homme, généralement misogyne, domine. Pas étonnant donc que la plupart des images que nous en ayons soient moches et méchantes. Il y a bien sûr des exceptions : Sabrina, l’apprentie sorcière des années 90, Samantha – Ma sorcière bien aimée…. sorcière et fée du logis… hum hum, ou encore plus récemment, Hermione Granger. Mais il faut se rendre à l’évidence que ce ne sont pas les premières auxquelles on pense quand on évoque le mot sorcière. Et ce n’est vraiment pas un hasard…
En parlant de hasard, il s’est trouvé que La Poudre s’est elle aussi intéressée de plus près à cette figure de la Sorcière dans un cycle de trois émissions. Dans la première, Lauren Bastide s’entretient avec Mona Chollet au sujet de son dernier livre, Sorcières, la puissance invaincue des femmes. Dans la seconde, avec plusieurs invitées, elle s’attache à analyser le livre Moi Tituba, Sorcière noire de Salem. Dans le dernier, après ces approches historiques et littéraires, Lauren Bastide décide de partir à la rencontre physique de plusieurs sorcières modernes. Un cycle incroyablement bien articulé et documenté. A écouter religieusement !
Motivée par ces écoutes, j’ai évidemment lu les livres dont il était question – j’ai d’ailleurs lu Tituba avant d’écouter le podcast, ce que je te recommande vivement afin de ne pas perdre en compréhension. Je viens donc à mon tour t’en parler aujourd’hui, en espérant qu’ils te donneront envie et qu’ils t’apporteront autant que ce qu’ils m’ont apporté à moi-même.
🌸 Sorcières, la puissance invaincue des femmes – Mona Chollet
Mona Chollet est journaliste et essayiste. Sorcières est son troisième ouvrage publié – et le seul que j’ai lu, pour l’instant. Il faudra, sans faute, que je m’attaque à son premier essai intitulé Beauté fatale, Les nouveaux visages d’une aliénation féminine. Tout un programme.
Dans Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet part du constat que les sorcières de l’Histoire, loin d’avoir disparu, sont de nos jours bien visibles et particulièrement actives. Mais qui sont-elles ? Elle en isole trois grandes catégories : la femme indépendante, la femme qui ne veut pas d’enfant, et la femme âgée. Au travers de faits historiques, et d’une analyse fine de l’évolution de la place de la femme dans nos sociétés, Mona Chollet met en lumière tous ces aspects de la Femme que le Patriarcat – et par extension notre « éducation » – tendent à vouloir « diaboliser » et contrôler. Édifiant.
Loin des romans que j’ai l’habitude de lire, j’ai eu un peu peur de ne pas réussir à aller au bout de cet ouvrage de 230 pages. Mais c’était sans compter sur le talent de Mona Chollet et son incroyable travail de recherche, d’analyse et de documentation. J’ai littéralement vécu cette lecture comme un électrochoc. Sentiment d’ailleurs partagé par toutes les personnes qui l’ont également lu avec lesquelles j’ai pu échanger. Il m’a notamment permis de continuer à déconstruire plus en profondeur mon éducation que je qualifierai de sociétalement normée. On m’a toujours fait croire que j’étais une enfant rebelle, peu soucieuse des « règles ». Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi d’une part j’étais et suis toujours perçue comme telle, et d’autre part pourquoi j’avais la certitude d’avoir raison de ne pas me conformer à ce qu’on attendait « naturellement » de moi. Et malgré tout, toute rebelle que j’ai pu être, je n’avais pas encore perçu toute l’ampleur de ce carcan dans lequel nous avons été enfermées. C’est dire, si la prison est immense.
Sorcières est un livre de chevet. Un livre à toujours garder à portée de main pour le lire, et le relire jusqu’à imprégnation complète. J’ose espérer qu’il libérera les femmes et ouvrira les yeux aux hommes qui le liront.
Un livre indispensable, dont la lecture devrait être obligatoire.
🌸 Moi, Tituba sorcière noire de Salem – Maryse Condé
Dans ce livre, Maryse Condé, tente de réhabiliter Tituba, seule sorcière noire mentionnée dans les archives du procès des Sorcières de Salem et totalement oubliée par l’Histoire. On y rencontre une jeune femme forte, au destin romanesque. Fruit d’un viol et née en esclavage sur l’île de la Barbade, Tituba réussira à s’affranchir tout en explorant ses pouvoirs surnaturels, ce qui finira par la conduire au fond d’une prison dans la province de Boston.
Entre fiction et faits historiques, Maryse Condé nous propose un portrait de femme incroyable. Une femme noire, esclave, sorcière et profondément humaine. Ma lecture de ce livre ne date pas d’hier, mais j’en garde le souvenir de l’avoir lu d’une traite, entre admiration et indignation.
A lire.
🌸 Sabrina sur Netflix
Comme tout le monde, ou presque, je me souviens – vaguement – de la série diffusée dans les années 90’s. Qui pourrait oublier la mignonne petite sorcière blonde et son familier chat Salem ? Mais ce que j’ai découvert récemment, suite à la sortie de la nouvelle série sur Netflix, c’est qu’à l’origine, Sabrina est une héroïne de Comics. Et comme tout personnage de BD américaine qui se respecte, la gentille petite sorcière a eu au fil des ans et des dessinateurs plusieurs versions. La dernière en date, publiée en 2014, la place dans une dimension parallèle horrifique où les sorciers vénèrent Satan. Version qui a donc inspiré la fameuse série mentionnée plus haut.
Pas du tout au fait de ce détail, et sur la recommandation de plusieurs personnes l’ayant honteusement binge watché, j’ai commencé à regarder la série quelques jours après sa sortie l’an dernier. Le souvenir de la version de mon adolescence en tête, j’ai lancé le programme avec Julie à côté de moi dans le salon. Trois minutes après le début, le ton était donné. J’ai éteint la télé, et décrété qu’elle était trop jeune pour regarder ça. Puis je me suis enchaîné tous les épisodes, fais une dépression à la fin de la première saison, exulté à la sortie de l’épisode spécial Noël, trépigné en attendant la saison 2 puis dévoré la saison en question. Et bien évidemment refait une dépression. Point final.
Et puis Julie a grandi. Elle a passé toute l’année à me bassiner avec son amour des histoires qui font peur et des films d’horreur (qu’elle n’a normalement pas le droit de voir, sauf en compagnie de son père). J’ai donc décidé que ces vacances et l’approche d’Halloween serait le prétexte idéal à la laisser regarder cette série et de me la refaire par la même occasion 😉
Sans surprise, elle a adoré. Et à mon propre plaisir de revoir tous ces épisodes, s’est ajoutée la satisfaction d’entendre ma fille commenter les événements avec sa sensibilité féministe ♥ Il faut dire que les scénaristes s’en sont donné à cœur joie. L’église de la nuit à laquelle Sabrina appartient est un véritable nid de misogynes. Pareil pour le lycée. En contrepoids, les personnages féminins sont forts et indépendants, voire carrément badass.
Je n’aurais qu’un seul mot pour qualifier cette série : jouissive !
Tu l’auras compris, le thème de la sorcière m’attire tout particulièrement. Et je t’avoue que si Halloween m’a plutôt laissée de marbre, j’aurais aimé me pencher un peu plus sur la véritable version païenne de cette fête, à savoir Samain, le « nouvel an des sorcières » (pour schématiser). Pour cela, il faudrait que je me dégage du temps pour des recherches plus poussées… Recherches que j’ai d’ailleurs déjà entamées au Printemps, mais délaissées depuis.
C’est donc avec beaucoup d’excitation que j’ai appris la sortie, le 31 octobre, de Witch please, Grimoire de sorcellerie moderne écrit par Taous Merackhi alias Jack Parker et illustré par Diglee ♥ Le voilà désormais en tête de ma wi(tc)sh list !!! Je n’ai maintenant plus qu’une hâte : être au matin Noël 😉 J’espère bien qu’il m’aidera à y voir plus clair.
En attendant, je vais continuer à nourrir ma fibre féministe. Je te prépare d’ailleurs un prochain carnet de lecture sur ce thème. De ton côté, n’hésite pas à me faire part de tes propres lectures et/ou à me dire ce que tu as pensé de cet article. Un petit mot, ça fait toujours plaisir 😉
Bisous roses.
Et bin tout un theme…oui des femmes hors normes qui fallaient faire taire….en tout cas il va falloir que je regarde la nouvelle Sabrina…ouiii
Ouiii ! Regarde. Tu vas adorer 😉
Le sujet m’a Toujours passionnée et je viens de lire celui de Mona Chollet ! Je l’ai trouvé trop dense en information et j’ai zappé quelques passages.
Je ne savais pas pour Sabrina !
Je comprends. C’est un essai très documenté. Pas besoin de tout lire pour en comprendre l’essentiel 😉